Chaîne de valeur: décider de payer les éleveurs laitiers au prix juste. Le cas d’Antoine Fiévet Président du Groupe Bel.

Décider de rémunérer les éleveurs laitiers français au prix juste et développer un partenariat pour des pratiques agricoles responsables, c’est le choix qu’a fait en 2018 le groupe Bel (Vache qui rit©, Babybel©, Kiri©…) contre toute logique purement financière, sous la houlette de son président Antoine Fievet, guidé par son empathie et son intuition. J’ai eu le plaisir de réaliser une vidéo de témoignage sur ce sujet avec Antoine Fiévet pour HLU.

Retour sur le contexte de ce cas de Heart Leadership.
2017 : la situation économique des éleveurs laitiers est critique, les prix sont au plus bas. Dans toute l’industrie, les responsables des achats ont pour consigne de payer le lait au prix le plus intéressant pour l’entreprise, au gré des cours mondiaux. En dix ans, 30% des éleveurs en France ont disparu et rien ne montre que la tendance va s’inverser.

Le groupe Bel est un groupe familial français né en 1865 dans le Jura. Il compte 10800 salariés en 2023 et réalise un chiffre d’affaires de 3,6 milliards d’euros. Antoine Fievet en est le président et incarne la cinquième génération.

Qu’est ce qui pousse le dirigeant d’un groupe d’une telle ampleur à ne pas suivre la logique financière et fixer des prix justes pour les producteurs de lait?


« Si on ne donne pas de la visibilité long terme sur le prix du lait aux éleveurs, nous risquons de perdre nos approvisionnements en lait, de ne pas pouvoir respecter nos engagements en RSE et de ne pas répondre aux exigences grandissantes des consommateurs. C’était mon devoir de dirigeant et une décision pleine de sens à long terme. On n’a jamais pris d’engagements RSE sous la contrainte chez Bel, on a toujours anticipé, été sincères dans nos démarches »

Antoine Fiévet

Malgré des réactions défavorables en interne, le président de Bel fixe des prix justes pour tous sur du long terme, en collaboration avec l’Association des Producteurs de lait Bel de l’Ouest (APBO).

Ce nouveau partenariat a permis par la suite de discuter ensemble de la mise en place de pratiques agricoles responsables dans les exploitations, à partir d’un cahier des charges établi conjointement : réduction des émissions carbone, alimentation sans OGM pour les troupeaux, mise en valeur du pâturage, bien-être animal…